La vie du Calvados

Refugee Food Festival

Les restaurants scolaires ouvrent leurs portes aux chefs réfugiés

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Pour sa deuxième édition, le Refugee Food Festival s’installe dans les restaurants scolaires de quatre collèges du Calvados. L’objectif : changer le regard des jeunes sur le statut de réfugié en leur faisant découvrir une cuisine et une culture différentes. Une initiative du Département en collaboration avec l'Agence des Nations unies pour les réfugiés et Food Sweet Food.


Dans le cadre du 25e Prix Bayeux‑Calvados des correspondants de guerre, les élèves des collèges calvadosiens Les Sources d’Aure de Caumont sur Aure, Jules Michelet de Lisieux, Octave Mirbeau de Trévières et Paul Eluard de Dives‑sur‑Mer vont rencontrer deux chefs réfugiés ,Maryam, originaire d’Irak et Nazar, originaire d’Afghanistan, qui prépareront un déjeuner en collaboration avec les chefs de cuisine habituels Des rencontres avec d’autres personnes réfugiées (témoignages, ateliers cuisine, musique…), la visite de l’exposition « The most important thing » et la visite virtuelle d’un camp de réfugiés ponctueront également la journée.


Nous avons rencontré les chefs cuisiniers des quatre collèges concernés pour leur demander pourquoi ils avaient répondu favorablement à cette initiative.


Philippe Frémond, chef au collège Les Sources d’Aure de Caumont‑sur‑Aure


« Ce qui m’intéresse dans ce projet, c’est de découvrir une autre culture, d’autres habitudes. J’ai toujours été partant pour ce genre d’événement. J’ai déjà participé à une journée latine durant laquelle nous avions proposé des repas comme au temps des Romains. C’était drôle de voir les jeunes découvrir des recettes avec des ingrédients qu’ils ne connaissaient pas.
Avec le gestionnaire et le principal, nous avons accepté immédiatement cet échange. Nous avons eu deux réunions avec le HCR et Food Sweet Food pour prendre contact avec les chefs étrangers. Maryam, qui vient d’Irak et parle très bien français, nous a proposé plusieurs plats. Nous avons retenu ceux qui nous paraissaient les plus typiques et nous allons nous adapter pour la préparation.
C’est un enrichissement personnel de connaître d’autres cultures et c’est important pour les jeunes de découvrir les différences qui peuvent exister dans le monde. Je pense que je poserai des questions à Maryam sur sa façon de travailler, ses habitudes, les ingrédients qu’on utilise couramment dans son pays. Elle a tenu plusieurs restaurants, ce qui n’est pas habituel pour une femme au Moyen‑Orient et ce sera intéressant de partager son expérience ».


Jean‑Louis Franchin, chef au collège Jules Michelet de Lisieux


« J’ai pensé que ça serait intéressant de connaître une cuisine et un mode de vie différents et de les faire découvrir aux collégiens. C’est un professeur qui m’a posé la question et j’ai accepté aussitôt. Le collège s’est investi dans le projet et je suis curieux de voir la réaction des jeunes. Je ne connais pas le Moyen‑Orient, c’est une autre façon de découvrir cette région du monde.
Je suis curieux de connaître les habitudes de Nazar, le matériel qu’il utilise, les ingrédients, les épices, sa façon de cuisiner. Ce sera une expérience enrichissante et une véritable découverte. Chaque réfugié a son histoire et je pense que nous échangerons aussi à ce sujet ».


David Lebris, chef au collège Octave Mirbeau de Trévières


« Je suis personnellement très touché par ce projet car j’ai moi‑même fait partie des boat‑people qui sont arrivés du Vietnam. Aujourd’hui, je parraine des enfants par le biais de l’association « Les enfants du Mékong » qui s’investit pour scolariser les jeunes. C’était donc logique que je m’investisse aussi dans cette initiative.
Le Refugee Food Festival permet de changer l’image négative que les gens ont parfois sur les réfugiés. Cela leur permet de voir que ce sont des hommes et des femmes qui souffrent, tout simplement. Dans leur pays, ils avaient aussi un métier, une famille, un quotidien, comme nous. Je ressens une grande fierté de participer à ce projet : partager des moments en cuisine, échanger sur nos pratiques, nos méthodes de travail.
C’est l’aspect humain qui m’importe le plus. J’échangerai avec Maryam pour mieux connaître son pays et ses coutumes. C’est important pour moi de découvrir, alors je souhaite que les jeunes découvrent aussi par le biais de la cuisine. Pour favoriser le dialogue, j’ai décidé de proposer les desserts sous forme de buffet. Les élèves en profiteront pour venir discuter, c’est plus convivial ».


Ludovic Lucas, chef au collège Paul Eluard de Dives‑sur‑Mer


« Lorsque j’ai reçu le courrier présentant le projet, j’ai dit oui tout de suite. L’intérêt, c’est non seulement les discussions autour de la cuisine, les échanges entre chefs, les recettes, mais c’est aussi les ateliers qui vont compléter la journée. C’est très bien organisé. Les collégiens auront des informations qui leur permettront de mieux comprendre ce que ressentent les réfugiés, comment vivent leur famille, ce qu’ils rencontrent comme difficultés et les drames qu’ils vivent.
Lors de la réunion préparatoire, j’ai déjà pris le temps de rencontrer Nazar qui m’a parlé de sa pratique de la cuisine. D’ailleurs, il est d’accord pour venir une journée avant au collège pour être sûr de bien connaître notre matériel, nos habitudes. En Afghanistan, il était habitué à cuisiner pour tout le monde dans sa famille. Préparer un repas pour une centaine de personnes ne lui faisait pas peur.
J’ai prévu de lui préparer aussi un ou deux desserts de chez nous pour lui faire connaître nos spécialités. Je lui expliquerai comment je travaille et quels sont les ingrédients utilisés. Les collégiens les plus curieux pourront lui poser des questions ».


La bio express de Nazar Les menus de Nazar La bio express de Maryam Les menus de Maryam En images