Le Calvados autrement

Caen

Georgette Boutrais

«6 juin - Quelle nuit épouvantable, que va-t-il se passer ? Nous avons eu une alerte à minuit qui a duré jusqu’à 3 heures. Mon mari est de service à la DP. Nous sommes, Berthe et moi, à nous demander si cette alerte va finir.

Pour toujours, le hurlement des sirènes est fi ni car nous sommes sans arrêt en état d’alerte et l’heure est grave. Les grondements du canon au loin se font entendre et nous voudrions savoir de quel côté est le Débarquement. Nous devinons que les coups viennent du côté de Courseulles. (…) J’hésite.

Dois-je partir ? Andrée est encore au Bon Sauveur. Comme je voudrais l’avoir à côté de moi. Mon mari revient dans la matinée et je lui raconte mon souci pour ma fi lle. Je veux aller la chercher mais je n’ai qu’une bicyclette. Les dames Bosquin viennent chez nous et nous ne quittons guère la cave ; des avions sans arrêt.

Enfin André aperçoit Andrée qui arrive en courant ; je suis presque heureuse car j’ai ma fi lle. Le premier bombardement est pour le 43. Les bombardements se succèdent et le midi, c’est le centre de la ville qui ramasse. À 1 heure, Monoprix brûle, pas d’eau pour l’éteindre, la rue Saint-Jean est touchée aussi. On distingue très bien ces monstres de l’air qui arrivent chargés, qui se déchargent et qui repartent prendre une nouvelle provision de bombes. Le 7e bombardement est pour nous…_ »