Le Calvados autrement

Un peu d'Histoire

L'hôtel du Département : deux siècles d'Histoire

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L‘hôtel du Département en 1966

L’Hôtel du Département du Calvados fait peau neuve ! Construit sur le site autrefois dévolu aux Archives départementales, le bâtiment de la rue Saint‑Laurent devrait achever sa rénovation en 2019.

L’histoire de l’Hôtel du Département est intimement liée à celle des bâtiments de la préfecture du Calvados. Elle débute au XIXe siècle lorsque les services préfectoraux nouvellement créés sont installés dans l’ancien collège jésuite du Mont. Le préfet Caffarelli choisit d’aménager l’hôtel de préfecture à proximité, dans l’ancien hôtel de Manneville. L’hôtel de Manneville avait été construit vers 1760 sur une partie des jardins des Jésuites, à l’angle de la rue de la Foire (actuelle rue Saint‑Laurent) et de la place de la Porte‑Neuve (actuelle place Gambetta). La décision de l’acquisition est adoptée par le Conseil général en 1803.

Tout en conservant l’hôtel particulier pour base de la composition, l’architecte départemental Harou Romain propose un édifice constitué de trois corps de bâtiments rectangulaires disposés autour d’une cour d’honneur. Les travaux, du fait des difficultés économiques de la fin de l’Empire et de la Restauration, ne sont achevés qu’en 1822. Le fils d’Harou Romain se charge de terminer les travaux d’aménagement ; et le bâtiment reçoit son premier chef d’État, Louis Philippe, le 6 septembre 1833. En 1857, la construction d’un portail d’honneur ferme la cour d’honneur sur la place.

Les services de la préfecture, eux, se trouvent encore mal logés au collège du Mont. On décide donc la destruction en 1848 de l’aile gauche de l’hôtel de Manneville pour construire une aile de bureaux donnant sur la rue Saint‑Laurent. Le bâtiment est inauguré en 1850. Les bureaux actuels du préfet et de son secrétariat se trouvent à l’emplacement de la salle des délibérations du Conseil général de l’époque.

L’arrivée rue Saint‑Laurent des Archives départementales


Une aile est construite en 1864‑1865 rue Saint-Laurent, en prolongement de l’aile de bureaux, pour donner aux Archives départementales un espace adapté à la conservation de leurs collections. Le bâtiment est conçu par Marcotte selon les dispositifs les plus modernes de l’époque, avec une structure métallique d’un seul tenant du rez‑de‑chaussée jusqu’aux combles, indépendante des murs de l’édifice. En 1885, l’architecte Auguste Nicolas construit un bâtiment liant les Archives départementales et l’aile des bureaux de la préfecture, qui servira de locaux au Conseil général et à ses assemblées jusqu’en 1966. Enfin, en 1930‑1931, on construit une dernière extension aux Archives départementales, destinées à l’accueil du public et au classement, et donnant sur le parvis de l’église de la Gloriette.

Les temps contemporains


Les bombardements de 1944 épargnent miraculeusement l’hôtel de préfecture et les Archives départementales. Un nouveau centre administratif départemental est construit en 1953 sur l’emplacement de la caserne de gendarmerie détruite. Malgré cette extension, le manque d’espace reste criant pour les services de la préfecture et des Archives, provoquant entre le préfet et l’archiviste départemental de pénibles conflits de voisinage.

Au début des années 1960, une opération d’envergure est donc décidée. Les travaux sont confiés à l’architecte départemental Léon Rème. Celui‑ci construit en 1963 un nouveau bâtiment pour les Archives départementales au nord de la ville. Puis, en 1966, le bâtiment des Archives du centre-ville est démoli pour construire le bâtiment actuel, alors baptisé « nouvelle préfecture ». Le parti pris moderniste est typique de ces années éprises d’architecture contemporaine radicale. Un « bâtiment de liaison » entre l’immeuble du XIXe siècle et l’immeuble contemporain souligne la transition architecturale. On sait que Léon Rème mourut en tombant des étages du bâtiment en construction, le 10 décembre 1968.

À la décentralisation, la nouvelle collectivité départementale emménage dans ce bâtiment encore récent. Des travaux modestes sont réalisés : réfection des peintures et de la moquette, achat de mobilier, changement de l’intitulé sur la façade. Les jardins à l’arrière du bâtiment sont également réaménagés.

Les services de la préfecture sont relogés au centre administratif départemental. Le conseil départemental aménage les locaux de la place Félix Éboué pour ses services, avant d’autres extensions à venir : l’espace Gardin dans les années 1990, puis les Rives de l’Orne dans les années 2010.

Les derniers aménagements de l’Hôtel du Département sont des travaux de décoration intérieure, réalisés à l’arrivée de Mme d’Ornano à la présidence dans les années 1994‑1995. Le bâtiment, aujourd’hui ancien, entrera bientôt dans une nouvelle ère avec l’achèvement des travaux programmé pour 2018‑2019.

Cet article a été réalisé avec l’aide des Archives départementales, grâce aux documents qu’elles conservent et dont des reproductions vous sont présentées. À lire pour en savoir plus : l’ouvrage de Pierre Adans, Essai historique sur la préfecture du Calvados, publié par le conseil général du Calvados en 1994. À découvrir, au premier trimestre 2018, une exposition sur l’histoire de ce bâtiment sur les grilles de la rue Saint‑Laurent à Caen.

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