Le Calvados autrement

un peu d'histoire

Mai 68 : tout a commencé dans le Calvados !

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Manifestation étudiante rue Saint-Laurent à Caen, 10 mai 1968. Fonds du cabinet du Préfet, Archives du Calvados

Manifestations étudiantes, grèves générales… Partout en France, la colère gronde en mai 1968. On pense généralement à Paris, mais vous souvenez-vous que c’est dans le Calvados que tout a commencé ?

Cet article a été réalisé avec l’aide des Archives départementales du Calvados, et reprend une partie des témoignages collectés suite à l’appel à témoins dans notre numéro précédent.


Mai 1968. Depuis plusieurs mois, un mouvement de contestation politique, sociale et culturelle a fait son apparition en France. Initié par des étudiants, le mouvement a gagné, notamment, le monde ouvrier. Au-delà des revendications salariales et matérielles et de la remise en cause du régime, les événements marquent surtout une rupture avec l’ordre traditionnel. Une nouvelle génération aspire à l’avènement d’une société plus moderne et ouverte.


Si les événements les plus connus se passent à Paris, c’est dans le Calvados qu’eurent lieu les premières contestations. En effet, dès le 18 janvier 1968, Alain Peyrefitte, alors ministre de l’Éducation nationale, se fait prendre à partie par les étudiants alors qu’il inaugure l’université de Caen. Plus tard, l’usine Saviem (véhicules industriels) à Blainville-sur-Orne entre en grève puis c’est au tour des ouvrières de la Sonormel (téléviseurs) et de Jaeger (tableaux de bord automobiles) à Mondeville.
Caen vit sa première grande manifestation le 26 janvier, suivie d’une nuit d’émeutes. Dès le 30 janvier, la Radiotechnique, la SMN, Les Engrais de Mondeville, Moulinex, débrayent à leur tour et comptent à elles seules près de 13 000 grévistes.


L’accalmie avant la tempête


Le mois de février voit les tensions diminuer et marque la reprise progressive du travail dans les usines du Calvados. Les semaines qui suivent semblent confirmer l’apaisement des esprits, du moins en apparence…
Lorsque Nanterre et la Sorbonne s’embrasent début mai 1968, Caen se réveille de plus belle. La première manifestation des étudiants y est organisée le 6 mai. C’est le début de l’occupation de l’université. Le 13 mai, la France entière manifeste contre la répression et dans les jours suivants une grève générale touche le pays. Dans le Calvados, elle débute le 17 mai : occupations d’usines et manifestations ont lieu dans le département tandis que l’université est toujours occupée. Le Théâtre-Maison de la culture (TMC), à l’appel de son directeur Jo Tréhard, ouvre ses portes au débat critique. Il sera, durant des semaines, un des hauts lieux de la contestation caennaise.


Le mouvement s’amplifie et touche désormais secteurs public et privé. Le Calvados compte environ 70 000 grévistes à la fin du mois de mai, en dehors du secteur public. Durant des semaines, l’agitation sociale continue et le Calvados reste très actif : le 29 mai, ouvriers et étudiants bloquent les principales entrées de Caen, le 30 mai, plus de 10 000 gaullistes y manifestent, et le 31 mai recense la plus importante manifestation du printemps 68 de la ville avec autant, sinon plus, de manifestants.
Après la publication des protocoles de Grenelle, les mois de juin et juillet marquent enfi n l’ouverture des négociations et voient progressivement la reprise du travail début juin dans les usines du Calvados. L’université est fermée le 12 juillet. En septembre, la rentrée se fait dans un calme relatif. La forte mobilisation contre la fermeture du Théâtre-Maison de la culture (TMC) et le départ de Jo Tréhard fin décembre acteront la fi n des événements de 1968 dans le Calvados.


Témoignages


Marie-Thérèse, Salariée en 68

« À l’époque, j’avais 19 ans et je travaillais à La Poste comme opératrice. À Lisieux, c’était exceptionnel ! Tout le monde barrait les rues. Il y avait une ferveur, un enthousiasme ! C’était bon enfant à part quelques-uns qui voulaient travailler et certains qui forçaient le passage avec leur voiture. Il y avait un monde fou, ça a duré presque un mois. Ma mère et mon père faisaient grève ».


Jean Quellien, Étudiant en 68

« Ce qui m’a le plus marqué dans les AG, c’est qu’il y avait un renversement des choses : une partie des profs et les étudiants étaient côte à côte dans l’amphi. Mais c’étaient les étudiants qui tenaient le bureau sur l’estrade. Les AG étaient un vrai spectacle. On y allait un peu comme au théâtre, avec des acteurs. Ce qui nous motivait, c’était le caractère de nouveauté, l’affirmation d’une génération ».


1968 dans le Calvados En images L'exposition des Archives : Calvados 1968 Reportage - Mai 68 dans le Calvados, épisode 1 Reportage - Mai 68 dans le Calvados, épisode 2 Reportage - Mai 68 dans le Calvados, épisode 3 Reportage - Mai 68 dans le Calvados, épisode 4


Reportage - Mai 68 dans le Calvados, épisode 1, le 26 janvier 1968


Reportage - Mai 68 dans le Calvados, épisode 2, le 13 mai 1968


Reportage - Mai 68 dans le Calvados, épisode 3, le 30 mai 1968


Reportage - Mai 68 dans le Calvados, épisode 4, mai à décembre 1968