Le Calvados autrement

Caen

Louis Dupont

" Le 5 juin 1944, je m’étais couché très tard, car, le lendemain, j’avais un examen de licence en droit. J’avais révisé mes cours jusqu’à minuit. Je dormais donc du sommeil du juste. Vers 6 heures du matin, Maman est venue me secouer en me disant : tu n’entends donc pas le bruit ? Effectivement, il y avait un roulement ininterrompu, comme un orage violent qui ne s’arrêterait pas. Cette fois, il se passait sûrement quelque chose, le débarquement ?

Pourtant, comme beaucoup, on fi nissait par se demander si ça arriverait un jour et on pensait que, de toute manière, ça devait arriver ailleurs. Ces choses-là ne peuvent arriver qu’aux autres. (…) Comme d’habitude, je partis à pied vers la faculté qui se trouvait alors derrière le vieux Saint Sauveur. Un avis avait été placardé à la porte. Il était indiqué, qu’en raison des circonstances, l’examen était reporté à une date ultérieure. Le grondement ininterrompu avait cessé.

On entendait, par contre, des tirs d’artillerie et de mitrailleuses relativement proches. En revenant vers la maison, je vis des prisonniers anglais encadrés par des soldats allemands qui se dirigeaient vers la caserne du château. Pas de doute, le front était aux portes de Caen…
"